Nous avons vu, dans notre article sur le cerveau dans la main, que la fonction du neo-cortex est de réguler les émotions (produites par le cerveau limbique archaïque) pour nous éviter de réagir impulsivement.

Mais en cas de stress trop important, ou par contagion, le cortex se déconnecte, nous laissant en position d’attaque/fuite/prostration. Pour retrouver nos capacités intellectuelles il nous faut marquer un temps de pause lorsque nous sentons une émotion forte monter en nous, afin de nous reconnecter avec notre cortex. 

Comment faire cette reconnexion, chez soi ou chez l’autre ?

Revenir aux racines

Il s’agit de s’adresser au cerveau archaïque, qui est en prise directe avec le corps. La reconnexion va donc se faire

  • en s’isolant, réellement ou de façon imaginaire, dans un espace de paix
  • en faisant appel à des fonctions basses, cad celles qui sont contrôlées par le limbique, auquel nous avons encore accès : respirer, boire, évacuer la tension par un geste dynamique sans conséquence (taper un coussin, crier mais pas envers quelqu’un en particulier, serrer les poings, sauter sur place, frapper dans le vide), sortir marcher ou courir…
  • en se connectant à une autre personne, soit physiquement ce qui permet de produire de l’ocytocine, soit par le biais de l’empathie
  • en se connectant à la nature : serrer un arbre dans ses bras, s’allonger dans l’herbe, caresser un chat, croquer un fruit… Etre au contact de la nature (végétaux et animaux) réduit en effet le stress, l’anxiété, la colère

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Plus les enfants sont jeunes, plus ils ont besoin d’être aidés et accompagnés pour apprendre à se reconnecter car leur cortex préfrontal n’est pas mature.

Le cas des bambins de moins de 2 ans est spectaculaire et mérite un article à part entière. Mettre un enfant « au coin » ou le punir ne lui permet pas d’acquérir les ressources pour construire peu à peu le contrôle de soi. Au contraire l’enfant est démuni et c’est son cerveau archaïque qui prend le dessus.

Se reconnecter par l’empathie

La connexion avec une autre personne peut se faire de façon physique, par un câlin ou un défoulement : elle produit alors de l’ocytocine, hormone de l’apaisement. C’est pourquoi il n’est pas une mauvaise idée de faire un câlin à un enfant qui vient de transgresser une règle sous le coup d’une impulsion. Il ne s’agit pas de le récompenser mais de lui permettre de retrouver ses capacités de réflexion pour réaliser son erreur : en général il va spontanément s’excuser une fois « reconnecté ».

Elle peut également se faire en allant parler à quelqu’un pour recevoir de l’empathie : attention la connexion n’a lieu que si nous recevons effectivement de l’empathie, cad une écoute attentive et accueillante, sans jugement ni conseils. En effet, abonder dans le sens de la personne, en rajouter (cad se mettre en sympathie, voire compatir) risque d’amplifier son émotion au lieu de la calmer. A l’inverse, minimiser celle-ci ou proposer immédiatement des solutions provoque de l’agacement : or l’objectif n’est pas de résoudre le problème pour la personne mais de lui permettre de dépasser son émotion pour retrouver la capacité de le régler elle-même…

Cette scène de Vice-Versa (malheureusement en anglais), où Tristesse réconforte Bing-Bong en se faisant l’écho de son chagrin (alors que Joie tente de faire diversion, ne permettant pas à l’émotion d’être accueillie, et donc résolue) est une excellente illustration du processus d’écoute active :

Ressources pour se reconnecter

On peut profiter d’un moment de calme pour montrer à un enfant, dès trois ans, quelques exercices de yoga, fabriquer avec lui une bouteille de retour au calme, explorer avec lui les émotions de base au moyen de petites affiches, d’histoires, ou d’une roue des émotions.

On peut lui offrir un coussin de colère ou un monstre mange-émotions, installer avec lui son « île de calme » (lieu privilégié pour se recentrer), fabriquer avec lui une « roue de la colère » (c’est l’émotion qui pose le plus de souci, en général…) qui recense les différents outils à sa disposition pour y faire face.

Se recentrer dans son lieu de calme

Ce lieu de ressourcement doit rester une ressource proposée (« As-tu besoin d’aller dans ton tipi de calme ? ») et non imposée comme une mise au coin, à l’écart. Si nous sentons la moutarde nous monter au nez et que l’enfant refuse de bouger ce peut être à nous de choisir d’aller dans notre lieu de calme pour éviter la contagion des émotions…

S’entraîner

Comme toute autre compétence, savoir se calmer quand on est sous stress se travaille ! La pratique du yoga, de la méditation (notamment la méditation de pleine conscience), de la respiration abdominale profonde, permettent de mettre en place calmement des habitudes et des gestes qui nous seront bien utiles en pleine tempête

Importance du mouvement

Le stress, l’émotion demandent a être évacués : au lieu de chercher à les contenir on veillera au contraire à expulser toute cette énergie de façon physique : en soufflant, en chantant très fort, en sautant sur place…

On peut offrir à un enfant un petit trampoline, un sac de frappe ou une balançoire d’intérieur, et lui proposer de s’en servir…

D’une façon générale les enfants ont besoin de bouger, et beaucoup de tensions peuvent être évitées en s’assurant qu’ils ont eu chaque jour l’occasion de se dépenser physiquement.

Les jeux de bagarre permettent à la fois de se dépenser, de favoriser les contacts physiques (producteurs d’ocytocine) et d’apprendre peu à peu à maîtriser sa force et l’adapter à son partenaire (qu’il s’agisse d’un chat ou de son petit frère).

Fixer ensemble des règles

A partir du moment où leurs besoins physiques sont reconnus et acceptés, les enfants sont tout à fait capables de les adapter à des règles de vie en société qui facilitent la cohabitation (à condition de ne pas exiger un silence monacal à toute heure…) :

  • on saute sur le trampoline ou sur son lit et pas sur le canapé tout neuf ou dans la pièce qui donne sur le salon d’un voisin impatient
  • on crie dehors et pas dans la maison
  • on se tape dessus avec des coussins et non des objets qui peuvent blesser, et on respecte le « stop ! »
  • on propose des choix limités plutôt qu’imposer sa solution

C’est souvent un interdit global ne laissant aucune issue qui génère frustrations et débordements et provoque des crises.

 

Catégories : AgirComprendre

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