Face au stress ou à ses émotions un bébé de moins de deux ans est totalement démuni car il est dépourvu de cortex régulateur.

Des stimuli aussi anodins qu’une lumière intense, le bruit, une surcharge émotionnelle ou tout simplement la fatigue en fin de journée s’imposent au cerveau des tout-petits sans aucun filtre protecteur.

Ils peuvent alors, pour un biscuit cassé ou un bruit trop fort, passer jusqu’à 20 minutes à hurler et se débattre, exprimant ainsi une réelle souffrance face à ce qui s’apparente pour eux à des électrochocs : ce ne sont bien sur pas des caprices, et il est inutile de s’énerver sur lui. L’isoler en attendant qu’il se calme tout seul s’apparente à de l’abandon.

Pourquoi ?

Un petit retour sur le fonctionnement du cerveau s’impose : on pourra lire notre article sur le cerveau dans la main, et celui expliquant la différence de maturation du cortex entre adulte et enfant. En résumé : en cas de stress ou de besoin insatisfait, le cerveau limbique (hypothalamus et amygdale) inonde le système nerveux d’hormones de stress (cortisol), provoquant des comportements automatiques : pleurs, cris, frappes, morsures,… C’est une véritable vague qui envahit le corps et il est presque impossible de la réguler !

Chez les tout-petits, la seule structure qui pourrait la réguler, le neocortex, étant immature, il faut donc attendre que l’émotion soit libérée jusqu’au bout pour que l’amygdale se calme et que le stress diminue.

C’est la chimie du corps qui explique donc la durée de ces crises : 20 minutes est la durée qu’il prend au corps pour éliminer ces toxines, lorsque l’enfant est accompagné. S’il est laissé seul il peut mettre plus d’une heure, l’abandon nourrissant le stress et la sécrétion d’hormones, au point qu’il ne finira par se taire non par apaisement mais par épuisement : c’est d’ailleurs ce qui explique l’échec des méthodes d’isolement progressif.

Comment faire ?

Même avec les meilleurs intentions d’accompagnement du monde, ces crises peuvent être une épreuve pour des parents démunis et non préparés, de par leur durée et leur intensité. Voici quelques conseils.

Les bébés pleurent avec l'accent de leurs mères - Bébés et Mamans

Idéalement, le bébé à besoin de l’ocytocine produite lors des contacts physiques, des câlins, pour s’apaiser. Mais certains se débattent avec tant de force qu’il est impossible de les prendre dans les bras, et cela peut même s’avérer dangereux en cas de chute : il est alors préférable de les déposer doucement sur le sol et s’assurer qu’ils ne vont pas se faire mal.

La connexions se fera alors avec la voix : on lui parle continuellement d’une voix apaisée, on verbalise les émotions qu’il exprime (« tu es en colère car tu ne peux pas toucher à tout », « tu es triste que ton jouet ne soit pas disponible », « tu as eu peur de la grosse voix du monsieur »), et on tente dès que possible de poser une main sur son dos ou sur son ventre pour établir une connexion physique.

Le regard des autres peut être une épreuve, et on tentera de s’isoler autant que possible pour pouvoir rester connecté avec son enfant et accueillir sa douleur. Soit physiquement, soit en tissant mentalement une bulle autour de soi, tenant volontairement à l’écart d’éventuels commentaires inappropriés.

L’intensité des cris peut être difficile à supporter sur la durée (20 minutes, c’est TRES long), et user les nerfs des plus patients : il n’est pas interdit de se boucher les oreilles (casque protecteur, boules Quiès) si cela permet de rester connecté avec son bébé sans devoir quitter la pièce. Ayant l’ouïe particulièrement sensible, les bouchons d’oreilles distribués dans les avions m’ont permis de survivre aux épisodes impressionnants de ma fille entre 6 et 18 mois…

Certains chantent très fort : cela permet de couvrir les cris, et parfois cela capte l’attention du bébé, l’aidant à sortir de sa crise. A partir de ses 3 mois une chanson idiote parlant d’un crapaud était le seul et unique moyen par lequel je parvenais à boucler le siège auto de ma fille sans qu’elle s’arque de toutes ses forces et parte en crise : j’en ai mangé pendant plus d’un an mais je bénis toujours cette rengaine stupide…

Mon bébé pleure et je n'arrive pas à le calmer - Bébés et Mamans

Si l’on sent que l’épreuve est trop forte il ne faut pas hésiter à reconnaître ses propres limites et prendre les mesures « de secours » qui s’imposent : demander l’aide de quelqu’un, passer la main, voire quitter la pièce quelques secondes, tout est préférable à l’irréparable que constituerait la contagion de cet état de stress intense (due aux neurones miroirs), conduisant dans les cas les plus extrêmes au « secouage » du bébé, qui peut lui provoquer des séquelles irréversibles.

Il faut toutefois garder à l’esprit que laisser l’enfant seul ne doit être qu’une solution de survie, la plus courte possible, et non une habitude ou une punition, car pendant ce temps l’enfant baigne dans son stress sans bouée de sauvetage.

Et après ? Encore des câlins

Lorsque la concentration de cortisol descend en-dessous d’un certain seuil, l’enfant s’apaise : des larmes silencieuses viennent remplacer les sanglots compulsifs, les cris cessent, un gros soupir s’exhale… Il est temps de faire un gros câlin réparateur afin de rassurer l’enfant, mais aussi de réparer, par la sécrétion d’ocytocine, les structures du cerveau malmenées par le cortisol.

Cette hormone du plaisir permet peu a peu à l’enfant de faire le lien entre ces crises et l’apaisement qui les suit, comme le beau temps après la pluie, afin de rendre ces épreuves moins effrayantes.

En effet, certaines personnes, si elles n’ont pas été accompagnées dans l’expression de leur émotions dans l’enfance, ont plus tard peur de leurs émotions, notamment la colère, qu’elles confondent avec la violence car elles n’ont pas eu l’occasion de connaître cet apaisement, ni de « muscler » leur cortex régulateur : c’est toute l’histoire de La Reine des Neiges, le dessin animé de Disney/Pixar, dont l’héroïne Elsa croit devoir refréner ses émotions (ce qui est impossible), alors qu’elle doit au contraire apprendre à les connaître, pour pouvoir les exprimer respectueusement, sans faire de dégâts irréversibles.

Penser à se reposer !

C’est notamment pour pouvoir accueillir sereinement ces épisodes éprouvants que le repos des parents est primordial : pendant les deux premières années de bébé rien n’est plus important que s’accorder des temps de récupération. Bébé s’endort ? Faites de même : une sieste peut sauver une vie, lessive et ménage attendront.

Catégories : Agir

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