Quelle est la différence entre le cerveau d’un enfant et celui d’un adulte, et pourquoi faut-il absolument aider un enfant à identifier ses émotions et à se reconnecter à son cortex ?

En dessous de 5 ans , le cerveau archaïque domine l’enfant qui ne parvient pas à se contrôler. Ce n’est qu’entre 5 et 7 ans que ce cerveau archaïque commence à être régulé par le cortex orbito-frontal. La bienveillance éducative favorise ce développement.

Une lente maturation

Le cortex préfrontal est la partie antérieure du cortex du lobe frontal du cerveau, située en avant des régions motrices. Nous avons vu, dans notre article sur le cerveau dans la main, que sa fonction est de réguler les émotions (produites par le cerveau limbique archaïque) et de nous aider à raisonner pour planifier des actions efficaces.

Cette zone cérébrale, comme toutes les autres zones cérébrales, mature au cours de l’enfance, mais elle est la dernière à être pleinement fonctionnelle. Il est estimé que la maturation du cortex frontal ne se termine habituellement qu’après l’âge de 20 à 25 ans.

Les enfants et adolescents sont donc physiologiquement beaucoup plus sujets que les adultes à des réactions de fuite, d’attaque ou de prostration (cad les réponses réflexes au stress) qu’à des réactions raisonnables :

  • les petits enfants parce que leur néocortex est quasi inexistant
  • les enfants à partir de 6 ans parce qu’il est en construction
  • les adolescents parce que les bouleversements hormonaux et physiques que subissent leur corps mettent leur cerveau en état de stress quasi permanent.

Le caractère immature du cerveau de l’enfant le rend vulnérable aux débordements émotionnels. Il ne s’agit donc absolument pas de caprices quand il subit une tempête émotionnelle !

Enfin, cet âge de maturation entre 20 et 25 est un âge « idéal » pour des êtres dont le développement du néocortex a été favorisé par un environnement soutenant, affectueux, par l’identification de leurs émotions… Selon la qualité de l’environnement dans lequel grandit un enfant, cette maturation peut être retardée. Mais il est toujours possible de la travailler à l’age adulte.

Une impossibilité physiologique

C’est cette différence de maturité qui explique les « caprices » des petits et les réactions épidermiques des adolescents : oui pleurer à chaudes larmes parce que son biscuit est cassé n’est pas raisonnable, mais un enfant de 2 ans ne peut pas être raisonnable. Oublions de grâce le terme caprice et prenons conscience que demander à un enfant de 5 ans de se contrôler en toute circonstance revient à demander à un manchot de faire un numéro de jonglage.

Entre 1 et 3 ans, si l’enfant est en état d’insécurité, s’il se sent en danger, si ses besoins ne sont pas satisfaits, son cerveau archaïque va le pousser à adopter des réactions instinctives d’attaque, de fuite ou de sidération.

Un accompagnement nécessaire… et des attentes réalistes !

Un parent impatient, fatigué après une longue journée de travail, demande parfois « Pourquoi est-ce toujours à moi de faire des efforts et pas à mes enfants ? ». Parce que vous êtes armé, et pas eux. Parce que vous êtes adulte, et pas eux.

La discipline s’acquiert avec le temps, elle est l’objet de l’éducation… mais elle ne peut pas être exigée au même niveau de la part d’un adulte et d’un enfant, parce qu’ils n’ont pas les mêmes ressources physiologiques.

Quand un enfant est laissé seul avec sa détresse, avec sa peur, sans les ressources d’un neocortex et sans le soutien d’une personne empathique, il va sécréter des molécules de stress (du cortisol). A forte dose, ses molécules sont très toxiques pour le cerveau fragile de l’enfant. Des neurones peuvent même être détruites dans des zones essentielles.

A l’inverse, le parent soutenant pourra accompagner l’enfant, accueillir son émotion (sans forcément la valider) et l’aider petit à petit à développer et « muscler » son cortex pour apprendre progressivement, d’année en année, à de mieux en mieux se maîtrise.

En gardant à l’esprit cette référence de temps : 25 ans…

Est-il possible d’accélérer la maturation des structures corticales ?

Dès l’enfance, la bienveillance éducative et l’empathie favorisent la maturation du cortex préfrontal. Cette bienveillance s’exprime notamment par un accueil des émotions par les parents et enseignants et une aide à la verbalisation. La verbalisation est en effet un processus issu du cortex préfrontal.

Catherine Gueguen l’explique brillamment dans cette vidéo :

Et après ?

À l’âge adulte, il est possible de développer la capacité des structures supérieures du cerveau en pratiquant par exemple la méditation de pleine conscience, en tenant un journal des émotions et en prenant l’habitude de nommer nos ressentis : « maintenant je me sens… ».

Catégories : Comprendre

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