Nombreux sont les parents et les enseignants qui découragent les enfants sans même s’en rendre compte, avec parfois les meilleures intentions du monde. Pensant leur éviter des épreuves inutiles, ou au contraire les motiver, ou simplement par souci d’efficacité ou par habitude, ils ne réalisent pas l’effet à long terme de certaines phrase sur l’estime de soi de leurs enfants, ni sur leurs décisions (soumission, rébellion, coopération…).

Explorons certaines de ces phrases :

Phrases de découragement

Respirez largement, fermez les yeux, et mettez-vous dans la peau d’un enfant qui reçoit une ou plusieurs de ces phrases, que tous les parents prononcent un jour :

  • Combien de fois faudra-t-il que je te répète de ne pas laisser ton vélo dans le passage ?
  • C’est tous les jours la même chose ! Tu le fais exprès ou quoi ?
  • Laisse tomber, je vais le faire, ça ira plus vite
  • Tu n’as pas encore fini ? Mais ça ne peut pas être si difficile, pourtant ! Regarde, même ta petite soeur y arrive
  • Ce n’est pas grave, je vais le faire à ta place…
  • Non non, tu ne peux pas te servir tout seul, tu vas en mettre partout !
  • Ramasse tes jouets ou je les mets à la poubelle ! Tu as 2 minutes !
  • Fais ce que je te demande, et vite !
  • Ne viens pas te plaindre si tu perds tes affaires !
Vous-êtes vous senti rebelle, fâché, triste, nul ? C’est normal : ces phases contiennent
  1. des généralisations (toujours, jamais)
  2. des dévalorisations, comparaisons, présuppositions d’incompétence…
  3. des ordres ou des menaces
  4. des prophéties négatives (malheureusement souvent auto-réalisatrices)
  5. de fausses questions…

Venir à la rescousse, surprotéger, contrôler, menacer sont autant d’attitudes qui découragent les enfants. Ils ont alors envie de baisser les bras, de fuir ou de se rebeller, par des comportements de révolte, de sabotage, des oublis… Même sans s’opposer, l’enfant soumis devient de plus en plus maladroit et pusillanime par crainte de votre jugement…

Or ce n’est certainement pas ce que vous souhaitez pour votre enfant : vous les voudriez autonomes, responsables, sociables, joyeux…

Comment développer ces compétences tout en faisant respecter vos besoins de calme, d’ordre, de ponctualité… ?

Phrases d’encouragement

Essayons une autre façon de dire les choses :

  • Je sais que tu sais où tu dois ranger ton vélo. Merci de le faire maintenant
  • C’est où la place de ton vélo déjà ?
  • Je sais que tu peux le faire, même si ça prend du temps. Petit à petit tu vas apprendre à le faire plus vite
  • De quoi as-tu besoin pour finir ?
  • Je sais que c’est difficile de se rappeler, et j’en ai assez de le répéter : qu’est-ce qu’on pourrait faire ? Un panneau, un post-it sur le frigo ?
  • Veux-tu te chronométrer pour voir en combien de temps tu y arrives ?
  • Tu veux essayer ? Ok, je tiens le verre et tu verses doucement
  • Attention !  Le monstre mangeur de jouets va passer ! Tout ce qui traîne doit avoir disparu dans 10, 9, 8, 7… (jeu)
  • J’ai besoin de ton aide sinon je ne vais pas m’en sortir. Veux-tu éplucher les légumes tout de suite, ou mettre la table tout à l’heure ? (choix limité)
  • Que vas-tu faire pour ne pas oublier tes affaires ?

Vous êtes-vous senti capable, en confiance, considéré ? Avez-vous eu envie de faire ce qui vous était demandé ?

Par ces tournures de phrases ou ces questions, on exprime à l’enfant sa confiance, on lui donne des choix limités, on pose de vraies questions, on valide ses émotions (et on expose les siennes sans agressivité), on cherche des solutions constructives, on fait appel au jeu ou à l’imagination, au sens du défi, on vérifie que l’enfant a compris ce qu’il devait faire et sait comment le faire…

On met les enfants en capacité d’agir, d’apprendre de leurs erreurs, dans un climat de confiance et d’encouragement.

La parole crée la réalité…

La façon dont nous nous adressons à nos enfants influe sur leur estime d’eux-même et sur leurs décisions : rabrouons-les et ils se conformeront à cette image négative, que ce soit en se soumettant ou en se rebellant, mais montrons-leur de la considération et de la confiance et ils feront tout pour s’en montrer digne (avec leurs moyens : un raté n’est pas un affront personnel, juste le signe qu’ils sont, tout comme nous, imparfaits), y compris apprendre de leurs erreurs, les réparer et les surmonter.

Mais aussi parfois, devancer nos demandes, quand la coopération est bien installée : un jour que je rentrais tranquillement des bûches pour le feu, quelle ne fut pas ma surprise de voir ma fille de 6 ans cesser son jeu pour se presser de venir m’aider, prenant les plus grosses pour bien montrer sa force. Je ne cessais bien sûr de l’encourager et la nommais « reine des bûches » pour la remercier.

…même malgré nous !

Et le plus magique ? Dans un sens comme dans l’autre, cela fonctionne, que nous y croyions ou pas : c’est ainsi que certains parents qui ont pourtant une haute estime de leurs enfants font passer à leur insu le message inverse en les malmenant pour les endurcir, en oubliant de valider positivement des réalisations qu’ils trouvent normales… (c’est le fameux syndrome du premier de la classe qui se sent nul : bien que brillant, l’enfant est découragé par ce qu’il ressent comme des critiques…)

Mais à l’inverse, certains parents ou enseignants acceptent d’exprimer une confiance de façade suite aux conseils de professionnels, mais à contre-coeur, sans trop y croire car eux aussi sont découragés : comme dire « je sais que tu vas y arriver » alors qu’on pense « il ne va pas y arriver ».

Et à leur grande stupéfaction, ces phrases de confiance, pourtant insincères, créent malgré eux une réalité où elles sont vraies : si on y met suffisamment de conviction dépourvue d’ironie, l’enfant a simplement besoin de les entendre pour modeler son comportement.

Et pas seulement : à force de prononcer ces phrases, on se modèle soi en tant que parent en même temps que l’enfant… Comment répéter « je crois en toi » sans finir par y croire vraiment ?

Ces phrases de confiance créent une réalité où elles sont vraies

De même que se forcer à sourire amène un brin de soleil dans la vie, une attitude positive crée le changement. C’est pourquoi il est primordial de nourrir nos enfants d’encouragements et de confiance, même si l’on est par-devers soi craintif ou dubitatif : même si vous n’y croyez pas, essayez !


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